Autopsie d’une singulière affaire criminelle

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Description

AUTOPSIE
d’une singulière
affaire criminelle

Les annales judiciaires ont été marquées en France, dans les année soixante, par une sensationnelle affaire criminelle. Tout commence par un fait divers banalement dramatique après avoir avoué, puis nié, être l’auteur du meurtre d’une enfant de huit ans – la fille de ses patrons un jeune commis boucher est condamné à vingt ans de réclusion. Le procès à peine achevé, soudain une voix s’élève et dénonce l’erreur judiciaire un visiteur de prison, futur prêtre, convaincu de l’innocence du condamné, va mener une campagne d’une ampleur et d’une durée exceptionnelles. Presse, radio, télévision, conférences l’abbé va mobiliser l’opinion que l’affaire passionne.
La cour de cassation a rejeté le pourvoi présenté par la défense au lendemain du verdict.
Fait rarissime, cinq ans plus tard, alors que se dessine un large mouvement en faveur du prisonnier, un « pourvoi dans l’intérêt de la loi et du condamné » est formé par le garde des sceaux il est également rejeté.
Fait unique : l’année suivante, sur un nouveau pourvoi, la décision de justice est cassée. Le jeune commis boucher, lors d’un second procès retentissant, est acquitté.
Tout au long de ces années, le dossier de l’affaire a été littéralement mis en pièces par les partisans d’une révision.
L’inexpérience en matière judiciaire de certains, les bons sentiments aussi, ont parfois conduit à la présentation de thèses surprenantes et à de violentes critiques de ceux – policiers et magistrats – qui avaient enquêté et instruit l’affaire.
Le plus attaqué fut le commissaire qui avait recueilli les aveux de l’accusé.
C’est ce commissaire, Lucien Durin, à présent dégagé de l’obligation de réserve, qui aujourd’hui rouvre le dossier et entreprend l’autopsie de l’affaire, du premier au dernier jour.
Véritable dossier de président de cour d’assises – seuls les noms de personnes et de lieux ont été changés – cet ouvrage, composé des pièces officielles n’est pas l’oeuvre d’un partisan acharné à la perte d’un innocent, mais celle d’un homme qui, après avoir été à maintes reprises mis en cause sans jamais réagir, tenait à rendre publique, en son âme et conscience, sa conception de la vérité sur l’affaire criminelle la plus surprenante des vingt dernières années.

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AVERTISSEMENT

L’auteur du présent document a été accusé d’avoir déformé et falsifié les éléments d’un crime au sujet duquel il avait été chargé d’effectuer une enquête.
Aussi, après mûres réflexions, a-t-il décidé, pour répondre à ces critiques acerbes, de faire usage du droit à l’explication, sans lequel il ne peut y avoir un véritable droit à l’information du public, qui pourra dès lors apprécier en pleine connaissance de cause.
La réserve à laquelle est tenu le fonctionnaire en activité et le temps qui permet la méditation tout en apaisant les passions, expliquent la parution tardive de ces pages qui n’auraient sans doute jamais vu le jour si périodiquement ne surgissaient encore les calomnies et les insinuations perfides déversées au cours des années écoulées.
Cet ouvrage n’est donc pas une oeuvre de fiction. Seuls les lieux et les noms des protagonistes de cette affaire ont été modifiés afin que, sans qu’il soit porté atteinte à l’honneur et à la considération de quiconque, plus aucune ombre ne pèse sur l’honneur et la considération auxquels a également droit l’auteur.
Le lecteur ne devra pas s’étonner du style parfois relâché de certaines citations : les propos tenus par divers personnages ont été reproduits dans des termes exacts que l’on s’est refusé de ré-écrire, par souci d’authenticité.

LE MEURTRE

Ce 7 juillet, les tilleuls rabougris de la place Jean-le-Brozec au Havre paraissent encore plus souffreteux que d’habitude;
pas le moindre souffle d’air pour faire frémir leurs feuilles
poussiéreuses ; une atmosphère étouffante enveloppe la ville, et cet après-midi, tout près de là, les préposés du poste de
commandement du commissariat central ont baissé les stores de bois pour tenter de briser l’ardeur de ce soleil qui vient les assommer jusque derrière ces baies vitrées ouvrant sur une étroite cour intérieure.
De temps à autre, un bref appel des voitures de patrouille interrompt le ronronnement de la radio. En s’épongeant le front, le brigadier Corruble transcrit des messages sur son registre, jetant chaque fois un coup d’oeil devant lui, sur la pendulette électrique qui inlassablement égrène les minutes.
A 16 heures 15, un ronflement du téléphone : un appel Police-Secours. Le brigadier noté: « 16h.15, par 17, on demande notre concours d’urgence 156 avenue de la Libération à Harfleur où une fillette vient d’être trouvée blessée dans une cave. Vollon 2 sur les lieux ».
— J’ai oublié de demander le nom du correspondant, se dit Corruble. Tant pis, il faut faire vite.
La voiture-radio à l’indicatif Vollon 2, qui patrouille dans le secteur de Gonfreville-l’Orcher, est alertée et se rend sur place. Dix minutes plus tard, le chef de bord, tout essoufflé, transmet un message au poste de commandement… … … …

Informations complémentaires

Auteur(s)

Commissaire Lucien DURIN

Editeur

Nouvelles éditions baudinière

Pages

290

Dimensions

140×210